Homélie du 10ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 27 mai 2016Deux veuves
Textes bibliques : Lire
La liturgie de ce dimanche nous annonce une bonne nouvelle. Elle vient affermir notre espérance. Nous vivons dans un monde accablé par toutes sortes de souffrances : le deuil, les catastrophes, les violences, les guerres. Et nous supplions le Seigneur : “Réponds sans te lasser à notre appel.” Cette prière n’est pas seulement la nôtre ; c’est celle de toute l’Église.
La première lecture et l’Évangile nous montrent deux veuves qui viennent de voir mourir leur enfant. La mort de leur mari les a mises dans une extrême précarité économique et sociale. Elles se retrouvent privées de toute ressource et de tout soutien. Mais voilà que ces deux femmes vont vivre une rencontre qui va bouleverser leur vie. Pour celle de Sarepta (1ère lecture), c’est le prophète Elie. Pour celle de l’Évangile, c’est Jésus. La suite, nous la connaissons : les deux enfants sont rendus à leur mère. Pour ces deux femmes, c’est la joie retrouvée. Dieu a vu leur détresse. Jésus est saisi de pitié jusqu’au plus profond de lui-même. Il est celui qui se fait proche de toute cette souffrance et qui agit.
Mais en écoutant ces textes bibliques, nous pensons aux nombreux enfants qui ne sont pas rendus à leur mère : beaucoup meurent sous les bombes ; d’autres sont victimes de la famine ou des maladies. Alors, comme le prophète Élie, nous crions vers le Seigneur : “Pourquoi n’agis-tu pas ? Pourquoi tant de haine et de violence ? Où es-tu, Seigneur ?” Ce cri est une prière que Dieu entend. Il voit la misère de son peuple. II voit les dérives de la société actuelle, les violences, la course à l’argent, les familles qui se désagrègent. Tout cela, il le voit et il est saisi de pitié jusqu’au plus profond de lui-même. Il ne supporte pas de nous voir courir à notre perte. Tout l’Évangile nous dit qu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus.
Notre Dieu n’est donc pas indifférent. Mais pour sauver ce monde, il compte sur nous. Ce monde, il nous l’a confié. Nous en sommes responsables. L’Evangile nous apprend à nous arrêter devant celui ou celle qui souffre. Cette mission, beaucoup la remplissent avec un grand dévouement : pensons aux équipes qui s’engagent pour accompagner les familles en deuil, celles qui vont visiter les malades ou les prisonniers. D’autres trouvent leur place dans une association pour aider les plus démunis à sortir de leur misère. Dans ce monde qui en a bien besoin, ils sont porteurs de la présence et de l’amour du Christ.
Notre mission de chrétiens baptisés et confirmés c’est d’être l’amour du Christ auprès de tous, enfants, jeunes et adultes, malades et bien portants. A travers nous c’est lui qui veut aller vers les autres, en particulier vers les exclus. Avec lui, le mal ne peut avoir le dernier mot. C’est la vie qui triomphe. II veut nous associer tous à sa victoire sur les forces du mal.
Cet Évangile nous révèle donc le pouvoir de résurrection de Jésus qui peut redonner vie à tous. Il peut redonner vie à ce jeune de vingt ans qui a mal tourné parce qu’il s’est laissé entraîner par une bande. Il peut ressusciter l’époux ou l’épouse qui s’est détourné de son conjoint. Il peut ressusciter le foyer où l’on fait semblant de s’aimer. De nombreuses personnes sont sorties de la délinquance, du fanatisme ou de la drogue parce qu’elles ont rencontré Jésus Christ. Leur vie en a été totalement changée. Là où le péché a abondé, l’amour a surabondé. C’est de cela que témoignent les nouveaux convertis.
Ces deux lectures nous ont montré des enfants qui ont été rendus à leur mère. Au jour de notre baptême, c’est à l’Eglise que nous avons été confiés. Elle est notre mère à tous. Sa grande souffrance, c’est de voir ses enfants courir vers leur perdition. Pour elle, c’est intolérable. Mais le Seigneur lui a donné une mission de guérison et de salut. Comme autrefois à Naïm, Jésus est là sur notre route. Il veut nous relever et nous rendre à notre mère l’Église. C’est ce qui se passe quand nous recevons le sacrement du pardon. Le passé pèse lourd parfois dans nos vies… Et pourtant, il s’efface devant le pardon sans limite dont Dieu nous comble. Quand nous revenons vers Dieu, c’est la joie retrouvée, c’est la fête. Nous pouvons reprendre notre route avec un cœur libéré. Et surtout nous pouvons témoigner des merveilles de Dieu dans notre vie et notre monde.
La seconde lecture n’est pas en rapport direct avec les deux autres dans la mesure où il n’est pas question de la guérison d’un enfant. Elle insiste sur la foi de Paul en la puissance et en la bonté de Jésus. C’est lui, Jésus, qui fait le premier pas vers le persécuteur qu’il était. Cette rencontre avec lui sur le chemin de Damas a été pour Paul un véritable bouleversement. Elle a fait de lui un apôtre de l’Évangile.
Ces trois lectures bibliques sont un appel à la foi. Elles nous disent la puissance et la bonté du Seigneur. Lorsque nous rencontrons des obstacles, il est capable de nous aider à les dépasser dans la foi, dans l’espérance et dans l’amour. C’est avec Jésus tout-puissant et miséricordieux que notre vie pourra devenir belle et féconde. En ce jour nous te prions, Seigneur. Chaque dimanche, tu rejoins les communautés rassemblées en ton nom. Tu nous envoies vers les blessés de la vie. Donne-nous ton Esprit pour être dans notre monde les témoins de ton amour. Amen
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Lire un autre commentaire : LA BONNE NOUVELLE ANNONCÉE AUX PAUVRES
Sources : revues Signes, Feu Nouveau, missel communautaire, Pour la célébration de l’Eucharistie (Feder), lectures bibliques des dimanches (A vanhoye), Célébrons dimanche 2016
Cher Abbé Jean Compazieu,
Remerciements pour cette magnifique homélie.
Dieu vous bénisse !
Je trouve cette homélie très lucide. En effet, elle montre le chaos de notre monde. Mais aussi, et comme je peux le témoigner, le constant soutien de Jésus pour chacun de nous.
Fête du Sacré Cœur
Le mot “Sacré Cœur” indique d’abord l’amour de Dieu et donc de Jésus pour l’humanité. Tout l’Évangile nous dit que Jésus est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Nous y découvrons son attention aux plus petits, aux pauvres, aux exclus. Il accueille les pécheurs et va même jusqu’à manger avec eux. Il ne supporte pas la raideur des scribes et des pharisiens qui n’ont rien compris à la miséricorde.
Dans l’Évangile qui nous est proposé aujourd’hui, Jésus nous parle de cet homme qui a 100 brebis et qui en a perdu une. Pour cet homme, la perte de cette brebis est un drame. Il fait tout pour la retrouver. A travers cette parabole, le Christ nous dit la joie de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit.
Dans une de ses homélies, le pape François a commenté cette parabole d’une manière inattendue : « Aujourd’hui, l’Église a une brebis et il en manque 99. Il est donc urgent que les chrétiens sortent pour trouver les 99. Mais cela demande un effort, une générosité, car il est beaucoup plus facile de rester chez soi avec la brebis unique. On la caresse, on la coiffe… Mais le Seigneur nous veut pasteurs, pas coiffeurs ! »
Notre mission de chrétiens baptisés et confirmés c’est d’être l’amour du Christ auprès de tous, enfants, jeunes et adultes, malades et bien portants. A travers nous c’est lui qui veut aller vers les autres, en particulier vers les exclus. Avec lui, le mal ne peut avoir le dernier mot. C’est la vie qui triomphe. Il veut nous associer tous à sa victoire sur les forces du mal.
En nous rassemblant pour l’Eucharistie, nous accueillons le Christ qui se donne en nourriture. A chaque messe, il rejoint les communautés réunies en son nom pour les combler de son amour passionné, un amour qui surpasse tout ce qu’on peut connaître.
Une belle méditation de Saint Jean Eudes
Le Cœur de notre Sauveur est un foyer ardent d’amour au regard de nous : d’amour purifiant, d’amour illuminant, d’amour sanctifiant, d’amour transformant, et d’amour déifiant. D’amour purifiant, dans lequel les cœurs sont purifiés plus parfaitement que l’or dans le feu. D’amour illuminant, qui dissipe les ténèbres de l’enfer dont la terre est couverte, et qui nous fait entrer dans les lumières admirables du ciel : « Il nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1P 2,9). D’amour sanctifiant, qui détruit le péché dans nos âmes, pour y établir le règne de la grâce. D’amour transformant, qui transforme les serpents en colombes, les loups en agneaux, les bêtes en anges, les enfants du diable en enfants de Dieu, les enfants de colère et de malédiction en enfants de grâce et de bénédiction. D’amour déifiant, qui fait les hommes dieux, les rendant participants de la sainteté de Dieu, de sa miséricorde, de sa patience, de sa bonté, de son amour, de sa charité et de ses autres divines perfections : « participants de la nature divine » (2P 1,4).
Le Cœur de Jésus est un feu qui répand ses flammes de tous côtés, dans le ciel, sur la terre, et par tout l’univers ; feux et flammes qui embrasent les cœurs des séraphins, et qui embraseraient tous les cœurs de la terre, si les glaces du péché ne s’y opposaient.
Il a un amour extraordinaire pour les hommes, tant pour les bons et pour ses amis que pour les méchants et pour ses ennemis, pour lesquels il a une charité si ardente, que tous les torrents des eaux de leurs péchés ne sont pas capables de l’éteindre.
Les textes de ce dixième dimanche sont bien loin d’être “ordinaire”; ils sont d’une telle richesse, d’une si grande miséricorde, d’un amour si grand,infini.
Deux textes nous parlent de deux veuves, “persona non grata”.; non seulement, elles n’ont plus le soutien de leur mari, mais le malheur s’acharne encore sur elles, les frappe une deuxième fois plus cruellement, en leur prenant leur fils unique.Qui y a t-il de plus douloureux pour une mère que de perdre un enfant, le fruit de ses entrailles ? Dans le premier texte, le Seigneur n’est pas sourd, insensible aux prières d’Elie, il rend l’enfant à sa mère. Le Seigneur est à l’écoute des petits, des plus pauvres, il entend leur prière.
Quant à l’Evangile, Luc nous relate le cortège funèbre d’un jeune garçon qu’on emportait pour l’enterrer, une foule importante de la ville accompagnait cette femme. Autre époque,
autre circonstance, mais la même souffrance, le même désarroi.
Le Seigneur fut saisi de compassion pour cette mère en larmes, Il lui dit : “ne pleure pas”.
Il s’approcha et toucha le cercueil et lui dit.: “Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi”;. le jeune homme se met à parler, il est bien vivant. Les foules silencieuses au départ, se mettent, elles aussi à parler. Elles découvrent la véritable identité de Jésus, la nouvelle se répand dans toute la Judée et les pays voisins. “Un grand prophète s’est levé parmi nous, Dieu a visité son peuple”.
Dans la lettre aux Galates, Paul est ennuyé; dans les églises qu’il a fondées, des prédicateurs chrétiens viennent saper son travail. Les galates se laissent séduire. Il réagit vigoureusement. Sur le chemin de Damas il a reçu la révélation que Dieu veut sauver tous les hommes par la foi en Jésus, le Messie crucifié.
Quoiqu’il puisse nous arriver dans la vie, le Seigneur, nous aide à percevoir cette situation avec confiance. A nous laisser aller à la confiance. Lui, ne nous abandonnera jaimais.
Chantons avec le psalmiste : “Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie”.
Comme les textes de ce onzième dimanche trouvent leur place dans cette Année Sainte de l’infinie Miséricorde de Dieu. Quel être humain aurait pardonné ces actes abominables que David avait commis, lui, à qui Dieu avait tout donné ? Il n’y a que Dieu qui est capable de pardonner à celui qui vient reconnaître son péché avec humilité. Dieu est amour, il aime, il comprend et il pardonne. Pardonner, c’est enlever le poids du passé, c’est faire confiance à l’avenir, c’est donner une nouvelle chance. Depuis toujours Dieu dit à ceux qui reconnaissent le mal qu’il font : non, tu ne mourras pas. Pour le comprendre, il faut savoir que Dieu fait toujours le premier pas.
Heureux l’homme dont la faute est enlevée, et le péché remis ! Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense, dont l’esprit est sans fraude, nous dit le psaume.
Quant à l’Evangile, Jésus est invité par un notable, un homme bien comme il faut sous tous les rapports : il fait l’aumône, il prie, il va à la synagogue…Aussi, est-il choqué, scandalisé de voir cette femme de mauvaise vie entrer chez lui, où elle n’était pas la bienvenue.
Il lui a fallu à beaucoup d’amour, une audace folle pour entrer dans une maison où elle n’était non seulement pas invitée, mais surtout pas la bienvenue. Un acte bien téméraire, un acte spontané, comme, seul l’amour peut en dicter. Elle a bravé tous les interdits, tous les qu’en dira-t-on.
Le Seigneur lui a redonné confiance, il l’a relevée, ressuscitée. ” Ta foi t’a sauvée. Va en paix !”